Dans le cadre d’encourager le principe de discrimination positive adopté pour assurer l’égalité des chances entre les régions, l’ONA a organisé des journées de l’artisanat pour accueillir les artisans de la ville de Tozeur et celle de Kébili, et ce, du 20 au 25 juillet à la salle de l’Information à l’avenue Habib-Bourguiba à Tunis tout en prenant en charge les frais de résidence et de déplacement des artisans participants (du lieu de résidence à Gammarth à la foire).
Les participants à ces journées considèrent la foire comme un rendez-vous incontournable pour transmettre leur passion et exposer leur savoir-faire. C’est une vitrine où ils continuent à surprendre les visiteurs avec des créations originales et uniques, faire connaître leurs régions, diversifier leurs clientèles et ainsi augmenter leurs ventes. Dans ce contexte, Asma Derbali, 40 ans, l’une des participantes à cette foire et propriétaire d’une société de valorisation des produits agricoles à Tozeur, considère la foire comme un moyen rapide pour l’écoulement de ses produits. « J’espère que ces évènements se multiplient dans toutes les régions et pendant toute l’année de façon à ce que les artisans puissent présenter leurs derniers produits et services, rencontrer des partenaires qui peuvent les aider à conquérir de nouveaux marchés », déclare-t-elle. La plupart des artisans possèdent des TPE (très petites entreprises), il est donc très souhaitable de prendre d’autres mesures de manière à les faire participer à la relance de l’économie rurale, à titre d’exemple, minimiser le coût de transport, mettre en place des programmes d’accompagnement et des plateformes numériques…
Coût de transport excessif
Par ailleurs, les artisans participants sollicitent l’ONA de leur fournir des moyens de transport gratuits ou d’un coût symbolique lors de leurs participations aux différentes foires. «Le coût de déplacement de Tozeur à Tunis revient à au moins 500 dinars pour deux personnes, ce qui décourage beaucoup d’entre nous de participer à ces évènements. A mon avis, réduire les coûts de transport par la fourniture de bus aux différentes délégations serait une bonne idée pour nos déplacements», avoue-t-elle.
La dépendance au centre, un grand obstacle pour les artisans
Un autre obstacle non moins important qu’on doit surmonter est celui de la centralisation. En effet, afin de participer aux évènements extérieurs, les artisans sont confrontés à la paperasse administrative qu’ils doivent remplir et remettre aux administrations de la capitale. «Plusieurs occasions ont été ratées à cause du calvaire de la paperasse. Tous les papiers doivent être préparés à la capitale, ce qui représente une perte de temps, d’argent et de beaucoup d’opportunités», évoque-t-elle avec amertume.
Absence de programmes d’accompagnement
Mme Derbali a soulevé un autre point que l’ONA devrait prendre en considération : le programme d’accompagnement. Celui-ci consiste en une formation marketing qui permet aux artisans «débutants» d’acquérir les compétences professionnelles nécessaires à l’exercice des différentes étapes de la commercialisation dans les marchés intérieurs et extérieurs. « Faute de formation en marketing, la plupart d’entre nous trouvent beaucoup de problèmes lors de leurs participations à des foires, que ce soit au niveau de la communication ou de la commercialisation. Une telle formation dans ce domaine pourrait nous éviter beaucoup d’obstacles et nous fournir des outils en main pour une mise en œuvre stratégique des différentes étapes de commercialisation, et, par conséquent, acquérir les compétences professionnelles nécessaires à l’exercice des différentes fonctions dans le milieu de commercialisation», renchérit-elle.
Le rôle du sponsoring et du numérique dans le développement des produits du terroir
En outre, Mme Derbali insiste sur le rôle du sponsoring et du numérique dans le développement des produits du terroir. Le sponsoring est une technique de marketing et de communication qui met en présence deux acteurs, le sponsor (personne ou entreprise) et le sponsorisé afin de soutenir un individu ou une entreprise en échange de formes publicitaires. Dans cet ordre d’idées, les sponsors des foires doivent s’engager à soutenir tous les artisans en invitant les citoyens à venir encourager la production locale et les sensibiliser à l’achat responsable à travers une campagne de mobilisation sur les réseaux sociaux et la mise en place de plateformes numériques et de sites web afin de mieux diffuser le produit artisanal à l’échelle nationale et internationale.
«L’Etat devrait organiser des campagnes promotionnelles afin de nous faire connaître à l’échelle internationale. Nous les artisans, nous sommes à la hauteur des enjeux et des défis, nous en sommes capables», conclut Asma Derbali.